Alors que les choses avec Rory paraissent doucement – très doucement – se (re)mettre en place, et qu’un semblant d’équilibre revient régenter le chaos que les dernières semaines passées depuis son retour avait instauré dans leur famille, Max n’arrive pourtant pas à s’empêcher de se poser mille questions. D’autant que si ses parents et son petit frère sont heureux, mais néanmoins pleins d’interrogations en suspens, de retrouver le benjamin, Teddy elle, a changé du comportement du tout au tout.
Eux qui, d’une façon totalement imprévisible mais qui n’est pas totalement pour lui déplaire, avaient fini par se rapprocher et a échanger bien plus que leurs avis respectifs sur Rory, ne s’étaient plus vus depuis plusieurs jours. Pire ; tout au fond, Max a la très désagréable sensation qu’elle… L’évite, tout simplement. Certes, il se doutait bien que revoir son ex revenir en ville allait sûrement changer le… Le quoi que ce soit qu’il se passe entre eux dernièrement, mais son silence et son absence, en plus de le laisser perplexe, l’inquiètent.
Derrière ses fourneaux, occupé à se battre avec un steak récalcitrant et ses pensées parasites qui nuisent clairement à ses capacités comme à sa charge mentale, le gérant du Wescott’s n’en finit plus de se faire des nœuds au cerveau et d’empiler dans des assiettes des tranches de pains, de viandes et de tomates. Et comme pour couronner le tout, c’est le jour de repos de son frère. D’autres employés, heureusement, travaillent avec lui ce jour-là, mais consciemment ou non, l’aîné de la famille réalise à quel point avoir son cadet sous les yeux lui est devenu important. Presque indispensable. Une façon comme une autre, peut-être, de rassurer l’état de confiance qu’il peut à nouveau avoir en lui à ce jour, en vérifiant l’un après l’autre que Rory vienne pointer au diner, et ne se fasse pas la malle une nouvelle fois ? C’est tout de même mieux que de se pincer.
Sortant des cuisines les bras chargés d’assiettes, un nouveau client le salut depuis le comptoir. « J’arrive tout de suite », qu’il bredouille, en plein coup de feu, lui adressant un regard rapide sans vraiment le voir. Les jeunes de la douze viennent tout juste de terminer un match pour le lycée et sont affamés, ils le lui font bruyamment et joyeusement comprendre. Une fois les burgers déposés, le patron revient sur ses pas, carnet de commande à la main. En effeuillant les pages, il se poste près du nouveau venu, avant que ses yeux ne se plongent enfin dans les siens. Un blanc. Un ange passe. L’encéphalogramme siffle, tout plat. Un doute immense s’installe au creux de son ventre tandis qu’un long frisson court le long de son échine. « Euh… Salut. » Définitivement, les synapses ont lâchés et ont frits comme les oignons qui deux minutes encore, doraient dans sa poêle.