les boucles qui tombes sur ses épaules bien qu'attachés en queue de cheval, Jewel observe autour d'elle avec la ferme intention d'en découdre sur la piste. Elle le sait, l'entrainement sera rude puisque la compétition approche. Si durant les soirs de week-end elle se rend au Rick-o-mania pour l'amusement, pour un peu se la péter sur sa façon de patiner et surtout boire du coca sans modération, aujourd'hui elle est face à Achilles et son envie de l'embêter la titille bien plus que d'habitude. Mon lapin, c'est quoi cette tenue aujourd'hui ? tu voulais ressembler à qui ? des paroles qu'elle ose dire seul a Achilles, sachant très bien qu'il va y répondre avec la même intensité qu'elle. Depuis leur première rencontre, Jewel ne fait que lui envoyer des piques avec amour et a son grand étonnement, il lui répond toujours sans sourciller ou prendre les choses a coeur. Sur la piste, elle le considère à la fois comme son concurrent direct mais aussi son plus grand allié. En un regard elle le comprend, lis dans ses pensées et sait où se placer quand se placer. Ils n'ont jamais parlé autrement et d'autres choses que la compétition, du roller derby. Il est plus âgé, mais ça n'empêche pas Jewel de l'adorer autant qu'elle adore le meilleur ami de sa tante. Elle n'a pas peur de rire avec lui comme une enfant, de se comporter comme une adolescente et de jouer les drama queen sur la piste. Et cette fois en tombant sur les fesses après un faux mouvement, elle se met à éclater de rire. T'aurais vu ta tronche ! T'as peur pour moi mon poulet ? Son rire continue de raisonner alors qu'elle se relève sans broncher, habituée aux chutes. Afin de prouver qu'elle n'a rien, encore moins dans son égo, elle s'approche d'Achilles pour presque twerker sous son nez. regardes comme ça va, rien de cassé ! Jewel n'a que faire des regards des autres sur elle, des jugements à son propos. Ici, bien qu'elle se soit retenue plus qu'ailleurs, beaucoup ont vu son tempérament et que quoi qu'ils puissent dire, elle sera toujours elle-même.

Desserrant de sous son menton la lanière de son casque, Achilles s’en défait et passe une main énergique dans ses cheveux en bataille, dont quelques mèches sont collées à son front par une fine pellicule de sueur qu’il essuie d’un revers peu élégant du bras. Ses yeux glissent le long de sa tenue du jour, à savoir un court short coloré et un débardeur plutôt crop, complété d’une parure de coudières et de genouillères – la sécurité avant tout – quand il s’approche d’une Jewel moqueuse. « Quoi, t’aimes pas ? Je voulais te ressembler à toi ! » Taquin, il hausse ses sourcils en succession de vaguelettes, sourire aux lèvres, avant que celui-ci ne se transforme un début de mise en garde qui arrive trop tard. Son équipière et adversaire vient de se ramasser lourdement sur la piste.
En deux, trois glissades, il est près d’elle et lui lance un regard inquisiteur. « Rien de cassé ? » Les chutes pourtant, elles sont monnaie-courante dans leur discipline, arrivent si souvent qu’il n’y a qu’à regarder les parties de peaux dévoilées des sportifs qui la vivent : percluses d’une jolie déclinaison d’hématomes, partant du mauve, virant au noir, parfois même tournant au jaune pour certains. Un arc-en-ciel vivant qui témoigne de toutes les châtaignes distribuées et reçues par la pratique de leur sport de prédilection. Mais son acolyte est hilare, ne semble pas blessée du tout, pas même dans son orgueil. Et, malicieuse, elle se relève déjà, ignorant la main qu’il lui tend. « Même si j’ai eu peur un quart de seconde, je me suis souvenu de tout le rembourrage que t’as dans les fesses à force de manger au fast-food, me voilà rassuré. » À son tour de lui adresser un grand sourire radieux et goguenard, avant de s’élancer sur la piste à vive allure alors que Jewel fait mine de le poursuivre pour cogner de son poing la première partie de son anatomie qui passera à sa portée. Ainsi lancé à toute vitesse, Achilles la devance de peu, et retrouve son âme d’adolescent. La jeune femme pourrait presque – presque ! – avoir l’âge d’être sa fille, c’est comme si le poids des années perdait de sa valeur au moment-même où ils posent un pied sur la piste du Rick-o-Mania. À ce moment-là, plus rien ne compte si ce n’est leurs échanges de piques et leurs joutes verbales. « Eh, c’est moi ou le cardio ne suit pas ? Mon chou, j’ai le double de ton âge et je suis sur le point de te mettre un tour de piste dans les dents, passe la seconde ou tu vas avoir des ennuis avec Kat au prochain entraînement ! »

D'un haussement de sourcil en observant Achilles, elle reconnaissait là le répondant de celui pour qui elle s'est pris d'attachement malgré la différence d'âge. Léger transfert de celui qui aurait du l'aimer quand elle était encore une adolescente, plus vraiment une enfant mais loin d'être une adulte. Jewel se demande si Achilles est juste un ami, comme un frère ou un oncle, un cousin, un partenaire de rollers. Elle se questionne, se perd dans ses pensées un petit moment avant que les paroles d'Achilles ne la ramène a la réalité. Fait pas genre, j'ai le plus beau fessier que t'ai jamais vu ! Un peu narcissique, le sourire probablement pour cacher ses cicatrices qui parfois persistent et tâchent ses nuits par des insomnies. Toujours dans l'humour et la joie quand dans sa solitude, elle laisse chaque névrose s'exprimer où seul Ford est capable de l'aider dans ces moments. Achilles ne connait qu'une petite facette joyeuse de sa personnalité, celle des entrainements d'une fille solaire et compétitive qui ne lâche jamais une larme. Peut-être qu'une marque prendra place sur son corps suite a sa chute, mais son égo reste intact, même quand son acolyte tente la provoque a son égard. Jewel redouble d'effort sans vraiment s'essouffler dépassant Achilles mais une nouvelle fois elle atterrit sur le sol, non pas de sa faute mais d'une collision avec un jeune aussi pressé qu'elle de gagner une course. Cette fois-ci la chute et le choc est un peu plus violent, laissant Jewel dans un état second. Elle voit flou, un mal de tête s'amène ainsi que des courbatures a l'entièreté de son corps. Ok, c'est pas mon jour.. Qu'elle lâche, cherche du regard son camarade mais ne voit qu'une ribambelle de têtes au dessus d'elle. Soudainement une pression dans sa cage thoracique s'élève en voyant tous ces visages l'observer et sa respiration se fait de plus en plus difficile. Jewel entend les gémissements de l'autre bonhomme, mais ne voit toujours pas Achilles. Un bourdonnement presque sourd alourdis son audition, elle n'entend que de bruits peu perceptibles qui ne l'aident pas à faire le tri dans les voix qui s'élèvent. Achilles n'est pas là, Ford non plus et sa bande encore moins. Là, elle ne reconnait personne et la crise d'angoisse ne fait qu'augmenter. Laissez moi..

Si l’un ou l’autre avaient dû se vexer de toutes les brimades, taquineries et houspillades qu’ils s’échangent régulièrement sur la piste, alors ceci aurait du arriver il y a bien longtemps déjà, tant il y aurait prescription désormais. Au contraire ; le jour où il faudrait s’inquiéter, ce serait peut-être celui où Jewel et Achilles s’échangeraient des compliments gratuitement !
Pourtant, cela se sent, c’est palpable, les deux amis, qu’ils soient co-équipiers ou adversaires suivant l’humeur et les entraînements, n’en demeurent pas moins profondément attachés l’un à l’autre, tant est si bien que le ton, même s’il est souvent moqueur ou provocateur, ne peut rester bien longtemps trop méchant. « Le plus beau fessier de tout Mariposa. Et crois-moi, je sais de quoi je parle, j’en ai vus ! » Son rire se joint à celui de Jewel lorsqu’il s’élève entre eux, fort et libéré. « Rassurée ? » Jewel n’a pas à être inquiétante. Non-content d’être une sportive émérite, elle est également, en toute objectivité, toute celle dont un quadra queer peut faire preuve en tout cas, une très jolie jeune femme, pleine de vie et pétillante. Bien qu’Achilles se doute, au fond, qu’elle est bien plus que cela. Prudent, il ne se risquerait pas à affirmer la connaître sur le bout des doigts, de passer seulement quelques heures en sa compagnie par semaine.
Ce qu’il sait, en revanche, c’est qu’elle n’est ni une mollassonne, ni en mal de cardio, car de quelques poussées agiles de ses cuisses fuselées, elle le rejoint et le dépasse même. « Attends, attends, tu triches, je ralentissais juste pour voir si tu suivais toujours, t’en as profité ! » Mauvaise foi incarnée, il ne peut s’empêcher de rire à nouveau et sollicite tout son souffle et ses muscles pour ne pas se faire distancer de trop. Pourtant, il est loin du compte, beaucoup trop loin du compte pour éviter ce qu’il voit avec horreur arriver de loin.
De la collision, c’est d’abord le bruit qui le surprend ; oh, il ne devrait plus être étonné désormais, principalement car ce sont leurs équipements de protections qui résonnent le plus fort la plupart du temps. Mais la session du jour ne devait pas être des plus violentes, aussi sont-ils venus en tenues plus décontractées que d’habitude, la preuve s’il en fait ; lui-même avait retiré son casque.
Voyant le jeune se relever mais Jewel rester à terre, son cœur manque un battement. « Poussez-vous ! Jewel ! Poussez-vous, laissez-moi passer ! » S’agenouillant près d’elle, il ne met pas longtemps à comprendre que le mal vient plus de l’angoisse qui naît en elle que d’une quelconque entorse ou fracture et par de grands gestes, il chasse les quelques personnes venues s’attrouper autour d’eux. « S’il vous plaît, eh, de l’AIR ! Merci… » La respiration erratique de Jewel lui serre le cœur, alors qu’il prend sa main dans la sienne. « Jewel ? Je suis là, c’est moi… » Les crises d’angoisse, il n’en était pas forcément coutumier, mais en avait suffisamment été témoin dans son entourage pour savoir que la meilleure chose à faire est d’aider la jeune femme à quitter son impression de menace vitale imminente. « Concentre-toi sur ma voix Jewel, c’est Achilles, je suis là… »