Yosemite n’est pas son territoire de prédilection ou, du moins, ce n’est pas l’endroit qu’elle connaît le mieux. Les petites rues de Mariposa n’ont plus de secrets pour elle, mais le parc, lui, est trop grand pour qu’elle le connaisse par cœur. Peut-être que le retour d’Edmée à Mariposa pourra être l’occasion d’explorer des endroits sauvages où elle n’a encore jamais mis les pieds. Elle sait déjà que Bowie sera totalement partant pour des randonnées dans la forêt. Son chien, aujourd’hui, a cependant été laissé au bons soins de son père et elle devine déjà qu’il sera ravi d’avoir la mascotte officielle du Paradisco dans les coulisses. Ou peut-être pas, mais Edmée ne peut pas s’imaginer que qui que ce soit ne soit pas heureux de voir Bowie. Elle aurait peut-être pu l’amener avec elle, mais après avoir promis à A.C. de s’occuper de tout un groupe d’enfants, elle a jugé que ce n’était certainement pas une bonne idée. Parce que Bowie est assez grand et que certains petits peuvent avoir peur des chiens, et elle ne voudrait certainement pas créer une panique générale en ce moment. Les temps sont déjà suffisamment compliqués à Mariposa, et ces jeunes sentent forcément le stress qui règne en ville, celui qui habite leurs parents ou leurs proches. Rien que le fait que l’école soit fermée perturbe leur quotidien, alors aujourd’hui Edmée est décidée à leur faire passer une journée agréable. Elle a l’habitude des enfants, ayant donné pendant pas mal d’années des cours de travaux manuels en tout genre. Sauf qu’en rejoignant A.C. et le groupe, elle se rend compte qu’elle a sous-estimé les effectifs du jour. Ce n’est pas une petite poignée de gamins qui attendent d’aller camper dans le parc, mais plutôt une quinzaine, assez désorganisés d’ailleurs. Elle a suivi le mouvement cependant, sans rien en dire à son meilleur ami. Elle divisait déjà dans son esprit les fournitures qu’elle avait apportées, pour que chacun puisse peindre son morceau de bois et faire des couronnes de fleurs.

« Je crois que tu m’en dois une Ander Caeden ! » souffle-t-elle en se laissant tomber dans l’herbe à côté de lui. Les enfants sont en train de ranger leurs affaires dans les tentes dans une tranquillité relative et ils peuvent, eux aussi, s’octroyer un moment. « Il y a toujours autant de monde dans les groupes que tu supervises ? » Au moins elle sait qu’ils sont entre de bonnes mains, parce qu’A.C. est moniteur depuis des années et il doit avoir l’habitude de tout ça.