Depuis qu’elle est de retour à Mariposa, Valeria, elle ne fait qu’attendre avec impatience le moment où elle pourra à nouveau la quitter. Où elle pourra s’éloigner de cette ville, autant que de sa famille. Elle en a assez, elle, d’être infantilisée. Traitée comme une gosse qui n’en fait qu’à sa tête – même si c’est peut-être vrai. Et puis, surtout, elle s’ennuie, ici. Elle s’ennuie, dans cette ville où l’on profite pourtant davantage de l’instant présent, où l’on n’est pas cramponné à son téléphone. Bon sang, qu’est-ce que cela lui manque, une connexion Internet décente. Et avec cela, Instagram, le réseau téléphonique, Tinder et ce genre de choses. Ici, elle se fait chier. Ici, il faut vraiment parler aux gens, connecter avec eux. Ici, tout demande plus de temps. Et ce qui devait arriver – à ses yeux –, arriva : une panne d’électricité, dans une grande partie de la ville. La zone dans laquelle vit sa famille n’est certes pas concernée, mais ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde. Au moins, là-dessus, Valeria peut pour une fois se considérer chanceuse. Manquerait plus qu’en plus du reste, elle doive se passer d’électricité. Comme si elle ne subissait pas déjà assez de privation comme cela, depuis qu’elle est de retour dans cette ville.

Pour autant, elle trouve toujours autant le temps long.
Une partie de la ville reste impactée par cette panne sans précédent. Cela concerne tout le monde, à un moment ou l’autre – même ses parents. Et si la connexion était déjà lente, quasi inexistante, c’est pire à présent. On ne peut même plus passer un coup de téléphone si besoin. On raconte aussi qu’une vieille femme, très connue dans la ville, très appréciée des habitants, aurait perdu la vie à l’hôpital en grande partie à cause de cette panne. Cela, elle doit l’avouer, Valeria, lui a donné froid dans le dos. Lui a fait comprendre que c’était vraiment sérieux, que cela avait des conséquences, que ce n’était pas drôle. Qu’il ne s’agissait pas juste de s’ennuyer encore plus dans cette ville. Tout le monde attend maintenant que les choses rentrent dans l’ordre, mais cela s’éternise. Ses parents sont même sur le pont, à tenter de prêter main forte à ceux qui en ont besoin – et pour une fois, Valeria s’est montrée moins égoïste, venant donner elle aussi un coup de main.
Elle vient de rentrer à la maison. Ses parents sont absents – pas plus mal, elle a bien envie d’être un peu seule, Valeria. Encore un sermon et elle croit qu’elle pètera un câble. A croire qu’à leurs yeux, elle ne fait rien correctement. Bref – refermant la porte d’entrée qu’elle s’empresse de verrouiller, sait-on jamais ce qui pourrait arriver avec tout ce qui se passe en ce moment, elle rejoint l’étage où se trouve sa chambre. Là, elle attrape des vêtements propres dans son armoire, dans le but de se changer après la douche qu’elle s’apprête à prendre. C’est qu’elle a passé un certain temps dehors, en plein soleil, la brune, et qu’elle a commencé à transpirer un peu. D’ailleurs, elle a trop chaud encore, retire déjà son tee-shirt pour se rafraîchir. Puis se dirige naturellement vers la salle de bain, sans se douter une seule seconde qu’il y a quelqu’un. Quelle n’est pas sa surprise quand elle ouvre la porte et tombe sur Oliver. Oliver, l’employé de ses parents, celui qu’elle ne peut pas encadrer, accessoirement dans son plus simple appareil. « Putain, Oliver ? Tu m’as fait peur, qu’est-ce que tu fous là ? » La voilà, sa première réaction. A dire vrai, elle a vaguement entendu ses parents en parler, dire qu’il n’avait plus d’électricité chez lui, comme certains de leurs employés. Elle ignore l’étendue des dégâts, mais s’il est là, c’est sans doute à cause de tout cela. N’est-ce pas ?
Il n’empêche que par les temps qui courent, l’espace d’un instant, elle a eu une frayeur en comprenant qu’il y avait peut-être quelqu’un.

Il avait déjà du mal avec Mariposa quand tout allait bien, Oliver, mais alors, comme pour couronner le tout, depuis la tempête, l’électricité s’était fait la malle. Lui qui luttait au quotidien pour avoir une connexion internet tenant à peu près la route, voilà qu’il se retrouvait sans même avoir d’électricité chez lui. Si seulement ce n’était que internet le problème, mais ça allait au-delà de ça. Le frigo et le réfrigérateur étaient coupés depuis des jours. Il avait pu sauver quelques trucs en en confiant à Nina et à d’autres amis qui eux, avaient encore de l’électricité, mais maintenant, il n’avait plus rien à manger. En plus de ça, impossible de faire fonctionner la chaudière, donc il était privé de chauffage, ce qui n’était pas bien grave, les températures étaient raisonnables. Mais surtout, il n’avait pas d’eau chaude et il devait bien admettre que les douches froides, ça allait bien cinq minutes. Après une longue journée de boulot au ranch, il avait besoin de sa douche chaude. Malheureusement en ce moment, il se lavait très vite et sous l’eau froide. Un vrai calvaire. Puisqu’il s’ennuyait chez lui, il avait tendance à ressortir après le boulot et pas question de le faire en puant la merde de cheval.

Il avait eu l’occasion de parler un peu de tout ça avec les Salgado, chez qui il travaillait. Ils savaient que certains quartiers étaient privés d’électricité, alors ils s’étaient demandé comment lui, il s’en sortait. Il avait trouvé ça plutôt sympa de leur part. Il était venu réparer une fuite dans la maison et ils avaient discuté un peu. Alors il avait raconté ses mésaventures des derniers jours et par sympathie, ou par pitié, il ne savait pas trop, on lui avait dit qu’il n’avait qu’à profiter de la salle de bain pour prendre une douche chaude avant de rentrer chez lui. Par principe, il aurait pu refuser en se disant qu’il n’avait pas besoin de leur aide. Mais, pour le coup, la douche chaude, ça commençait vraiment à lui manquer. Alors, il avait accepté l’offre. De toute façon, ils devaient s’absenter, alors il n’y avait personne à la maison. Il pouvait prendre son temps, on lui avait juste dit de remettre les clés dans la boîte aux lettres quand il aurait terminé. Il avait récupéré des vêtements propres dans son coffre, il en avait toujours sur lui - au cas où - et puis il avait profité d’une longue douche chaude. Le truc idéal pour se détendre après une longue journée de boulot. A peine sorti de la douche, que la porte s’ouvrit, il attrapa rapidement une serviette d’abord avec la volonté de se cacher, après tout, il était nu comme un ver. Mais, il reconnut rapidement Valeria, la fille des Salgado. Rien que parce que c’était elle, la serviette, il s’en servit plutôt pour essuyer l’eau qui dégoulinait de ses cheveux. Provocation envers la brune, évidemment. Mais dans le fond, il n’y avait rien qu’elle n’ait pas déjà vu. « Qu’est-ce que je devrais dire, ça va pas d’ouvrir la porte comme ça ? » Il répliqua, suite à la remarque de la brune. Elle n’avait pas entendu l’eau qui coulait ? Peut-être un truc magique de riche, à l’image des voitures au moteur hyper silencieux, l’eau de leur douches ne faisait aucun bruit ? « Je fais un tennis, ça se voit bien, non ? » Il ajouta pour répondre à la question de la brune. Non, il ne faisait pas un tennis, mais elle pouvait sans doute deviner ce qu’il faisait, à poil dans une salle de bain, trempé par l’eau. La logique voulait qu’il sorte de la douche non ? Après pourquoi il prenait une douche chez les Salgado, c’était une autre histoire, mais ce n’était pas ça explicitement qu’elle avait demandé.

Ce n’est qu’une situation temporaire. Voilà ce qu’elle se répète.
Mais la situation s’éternise. Plus de deux mois déjà qu’elle est de retour à Mariposa, Valeria. Plus de deux mois qu’elle a retrouvé le nid familial, la contrainte parentale. Plus de deux mois qu’elle se sent traitée comme une enfant qui ne fait rien d’autre que des conneries – comme une ingrate, fille pourrie gâtée qui ne veut jamais écouter. Qui n’en fait qu’à sa tête. Elle rêve du moment où elle pourra quitter cette ville pourrie, ce trou à rat comme elle l’appelle injustement, Valeria. Ce n’est que temporaire. Elle ne va pas rester là indéfiniment. Elle finira par retrouver sa vie ailleurs – n’importe où, mais pas ici. Elle trouvera un job d’œnologue dans un autre vignoble, elle ne se fait aucun souci là-dessus. Et même si elle ne trouve pas, il y aura toujours l’argent de maman et papa, n’est-ce pas ? Quoique. Peut-être vont-ils la menacer de lui couper les vivres, après cette histoire avec Lila. Ils lui ont déjà mille fois reproché de s’être fait duper. D’avoir bêtement aimé. Ils ne peuvent pas comprendre, eux. Est-ce qu’ils s’aiment vraiment ? Ont-ils un jour expérimenté ce genre de sentiments ? Peut-être qu’elle est dure, Valeria. Et puis, d’abord, est-ce vraiment de l’amour, cette chose-là ? Est-ce qu’on peut tomber amoureux de quelqu’un qu’on ne connaît pas vraiment ? Qu’on connaît depuis si peu de temps ? Elle devrait cesser de se torturer à présent. Parce que ce qui est certain, c’est que Lila ne l’aimait pas, elle. Pas le moins du monde.
Et par sa faute, Valeria est ainsi condamnée à tourner ici en rond.

Il n’y a même plus d’électricité. Enfin, pas partout. Ici, dans la grande et belle maison des Salgado, on n’a évidemment pas de quoi se plaindre. Valeria est du côté des chanceux, non – des privilégiés, et elle le sait. N’en est pas aussi fière qu’elle en a l’air. Elle a conscience d’être née avec une cuillère en argent dans la bouche. N’est pas aussi égoïste et indifférente qu’elle le semble. Qu’Oliver ne peut sans doute le penser. Mais elle est tout ce qu’il exècre, pas vrai ? Alors chaque fois qu’ils se croisent, ils se prennent la tête. Haussent systématiquement le ton, rentrent dans un débat. Pas foutus de s’entendre – sauf une fois, à l’horizontale. Une fois que la brune préfère désormais oublier. Une fois qui lui revient pourtant brusquement en mémoire alors qu’en ouvrant la porte de la salle de bain pour prendre une douche, elle tombe précisément sur Oliver. Oliver qui, de toute évidence, vient de prendre une douche, au vu de son accoutrement – inexistant. Et tout de suite, sur la défensive, elle demande ce qu’il fait là. Non, ce qu’il fout là. Agressivité automatique, immédiate. Et Oliver, qui la provoque. Evidemment qu’il la provoque, en utilisant sa serviette pour sa fonction première : se sécher. Pas se cacher – logique que voudrait cet instant, qui serait gênant s’ils ne s’étaient pas déjà vus dans leur plus simple appareil auparavant. Mais il le fait exprès, elle le sait. De ne pas se cacher. « Je suis chez moi, et je savais pas que quelqu’un était là. » rétorque-t-elle, irritée. Pour le coup, c’est la vérité. Il n’y a rien eu de malintentionné. Alors elle déteste qu’il puisse supposer le contraire, déteste qu’il ne se cache pas, détesté qu’une fois de plus il ne baisse pas les armes. C’est comme cela, entre eux, à chaque fois. « Qu’est-ce que tu fous à prendre une douche chez moi ? » reformule-t-elle, avant de croiser les bras. Elle pourrait se détourner, Valeria. Elle pourrait sortir de la pièce. Elle pourrait faire n’importe quoi d’autre, que rester plantée là. Pourtant, elle ne le fait pas. Elle reste là.

Plus d’électricité chez lui, quelle situation merdique. Il essayait de voir le bon côté des choses en se disant qu’au moins, il ne faisait pas froid en ce moment, alors l’absence de chauffage n’était pas catastrophique. Mais il n’avait plus non plus d’eau chaude ce qui compliquait quand même pas mal la vie quotidienne, que ce soit pour la douche ou la vaisselle. Un vrai calvaire. Il n’avait plus non plus de réfrigérateur ou de congélateur, ce qui n’était pas non plus évident, puisqu’il fallait bien se nourrir et nourrir sa fille quand elle était avec lui. Cette coupure, ça ne l’arrangeait clairement pas. Mais il n’y pouvait pas grand-chose, Oliver. Nina lui avait bien proposé de rester chez elle, le temps que ça revienne, mais il n’aimait pas l’idée de s’imposer. Il squattait de temps en temps, ça l’aidait à passer du temps avec leur fille, mais il préférait rentrer chez lui, même s’il se retrouvait bien vite dans le noir et le silence. Il détestait ça, le brun, mais ne pouvait pas franchement faire autrement. Il avait juste hâte que le courant revienne, déjà que la ville donnait l’impression de ne pas avoir évolué depuis les années 80, maintenant, ils étaient même de retour à une époque où les foyers n’étaient pas équipés de l’électricité, quel cauchemar.

Aujourd’hui, c’était les Salgado qui avaient eu pitié de lui en lui proposant de prendre une douche après le boulot, histoire de pouvoir profiter de l’eau chaude. Une proposition qu’il aurait pu rejeter par principe, parce qu’il avait tendance à se dire qu’il n’avait pas besoin de la pitié des autres et surtout pas de ces gens dont les richesses exhibés avaient tendance à l’agacer. Mais il avait besoin d’une douche alors autant en profiter. Il avait transpiré, crapahuté dans la boue et dans le crottin de cheval toute la journée, alors la douche était clairement nécessaire. Il en avait bien profité, Oliver, parce que ça faisait du bien. Mais en sortant, il avait cru mourir d’une crise cardiaque alors que la porte de la salle de bain s’ouvrait. Il avait été prêt à s’enrouler dans une serviette, avant de voir que c’était Valeria, par provocation alors, il avait pris la serviette pour se sécher, sans rien cacher. « Hm et ça s’entend pas, l’eau qui coule ? » Même dans une maison comme celle-là, on devait bien entendre l’eau à travers la porte, c’était une salle de bain, pas un abri anti-nucléaire. Comme d’habitude quand il s’agissait de Valeria, la joute verbale était lancée et sans doute qu’encore une fois, aucun des deux n’allait abdiquer. « J’ai plus d’électricité chez moi et plus d’eau chaude, alors tes parents m’ont proposé de rester prendre une douche. » Il haussa les épaules. C’était la vérité au moins, il avait vraiment eu l’autorisation de rester, il n’avait pas profité de l’absence de ses parents pour s’introduire dans la maison et squatter, si c’était ça qui l’inquiétait. Pas son genre. Des conneries, il en avait fait dans sa vie, mais il n’avait pas envie d’avoir des problèmes avec ses employeurs et encore moins avec la justice. Il avait une fille après, il ne fallait pas lui montrer un mauvais exemple. « Je suis pas un dangereux criminel, si ça peut te rassurer. » Non, il n’avait rien fait de criminel. « Toi en revanche, tu fais dans le voyeurisme ? » Il répliqua, non sans un léger rire moqueur. Lui, il était innocent, après tout, c’était elle qui était entrée dans la pièce comme une sauvage et qui y restait, alors qu’il était nu. Elle était coupable, pas lui. « J’espère qu’au moins tu apprécies la vue. » Il ajouta, toujours moqueur, un brin provocateur. Pouvait elle vraiment prétendre ne pas apprécier, après la nuit qu’ils avaient passé ensemble ? Ils ne se supportaient pas tous les deux, alors fallait bien que le physique compense pour qu’ils aient fini par coucher ensemble.

Oliver l’insupporte.
Et elle l’insupporte en retour. Elle le sait pertinemment.
C’est comme si c’était plus fort qu’eux. Ils semblent incapables de s’entendre.

Ils sont le jour et la nuit – diamétralement opposés, du début à la fin. N’ont absolument rien en commun. Rien pour s’entendre, trouver un point d’accord. Rien pour être diplomates. Il faut dire qu’ils ne font probablement pas d’effort, préfèrent peut-être se mettre sur la figure en permanence. Le ton finit toujours par monter, les piques par voler. Et l’agacement, par se faire ressentir. Comment pourraient-ils s’entendre, alors qu’ils sont si différents ? Ils ne sont pas issus du même monde, n’ont pas le même tempérament, ni la même existence. Valeria se sait pertinemment chanceuse, probablement un peu diva ; Oliver, lui, n’a pas grandi dans une famille aussi riche, n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Elle a l’impression que c’est cela qu’il déteste le plus, chez elle. De toute manière, il la voit comme la majeure partie des gens – voilà pourquoi elle a tant peiné à se lier à Mariposa, plus jeune. Voilà pourquoi elle était si contente de l’avoir quittée, avec l’impression d’être parvenue à s’en échapper. Pourtant, la voilà de retour au bercail. Coincée dans cette ville qu’elle n’aime pas, avec des gens qui ne l’aiment pas. Elle s’y sent terriblement seule, Valeria.
Mais il y a Oliver. Et peut-être qu’ils ne peuvent pas se saquer – mais au moins, il lui offre un peu de distraction, l’aide à se changer les idées.
Est-ce qu’il le sait ?

Elle ne savait vraiment pas qu’il était là. Ce n’est pas volontaire, ce n’est pas de la mauvaise foi. Ce n’est pas comme si elle avait des idées derrière la tête. Quand elle ouvre la porte de la salle de bain, elle ne s’attend vraiment pas à ce qu’il soit là. D’ailleurs, elle avait même commencé à retirer son haut, Valeria. Cela dit, elle pourrait se détourner, faire demi-tour, sortir. Mais elle est trop surprise – et tant pis si c’est une excuse. Ce n’est pas non plus comme si Oliver se cachait, après tout. Mais le voilà qui l’énerve, encore. « Non, pas toujours. Et là, t’es pas vraiment sous la douche. Je viens de rentrer et visiblement, t’as déjà fini de la prendre. » Alors qu’il ne sous-entende pas qu’elle est venue dans la salle de bain exprès parce qu’il y était, car ce n’est pas le cas. Et tant pis si elle empire son cas en restant là. De toute façon, Oliver trouvera toujours une façon de la provoquer, il ne manque pas d’idées. Il finit par lui expliquer ce qu’il fait là, mentionnant ses parents qui l’ont invité à prendre une douche parce qu’il n’avait plus d’électricité chez lui. « Comme c’est généreux de leur part. » commente-t-elle, ironique, avant de lâcher un soupir. Sérieusement ? Comment peuvent-ils être si gentils avec lui, et si stricts avec elle ? Le voilà qui en rajoute une couche en précisant qu’il n’est pas un dangereux criminel. « C’est pas du tout ce que je pensais. » rétorque-t-elle, Valeria. C’est la vérité : pour le coup, elle ne sous-entendait rien du tout. Se doutait que ses parents étaient derrière tout cela, mais attendait les explications. Oliver, criminel ? Non, s’il y a un truc encore qui l’énerve, chez lui, c’est cette façon qu’il a de se croire tellement mieux qu’elle. Un brin trop parfait. Et puis, bon sang, cette répartie – il trouve toujours pile comment la faire chier. La pique sur le voyeurisme, c’est cela – et dans le fond, elle s’y attendait, Valeria. Peut-être aussi l’a-t-elle un peu cherché, en restant là. « Et toi, dans l’exhibitionnisme ? » réplique-t-elle du tac au tac. Ce n’est pas comme s’il s’était précipité pour mettre une serviette. D’ailleurs, cela se voit à son rire moqueur. A sa façon de continuer à la provoquer. J’espère qu’au moins tu apprécies la vue. Elle sait ce qu’il a contre elle ; la même chose qu’elle a contre lui. Ils ne peuvent pas se saquer, sont complètement opposés – mais ils ont quand même fini par se tomber dans les bras, une fois. « C’est pas non plus comme si j’te regardais l’entrejambe. » rétorque-t-elle encore, Valeria, gardant obstinément le regard posé sur son visage. Elle mentirait toutefois si elle prétendait que son regard n’y a pas glissé quelques secondes en entrant. Mais ce n’était pas intentionnel.