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Le rituel hebdomadaire est bien ancré chez les enfants Sheridan et c’est une tradition dont ils ne démordent qu’en cas d’urgence exceptionnelle. Le petit déjeuner du samedi matin, tous les trois. La seule exception qui vient perturber cette tradition, ces derniers temps, est la présence d’Elsie avec eux, les semaines où Waldo a sa garde. Pas qu’il s’en plaigne, bien  au contraire, mais ils n’ont pas le même genre de discussion lorsque sa fille est avec eux. Cette semaine cependant, ils passent d’un quatuor à un duo et c’est un changement qui semble assez drastique. Elsie est chez Apollo, Atticus a un empêchement. Ne reste que le cadet et la benjamine alors, mais Waldo est loin d’être déçu. Plus ils grandissent, plus il est rare de passer du temps seul à seul avec soit son frère, soit sa sœur, alors cette fois il pourra en profiter pour savoir un peu plus ce qu’il se passe dans son quotidien. Et puis lui aussi, il arrivera peut-être à se confier un peu plus en étant en plus petit comité. Pas qu’il ait de grandes choses à dire, puisque la plupart de ses soucis il ne se les admet même pas à lui-même. Mais il le sent bien, son estomac est un peu noué, ses épaules sont tendues. La vie avec Mallory est loin d’être aussi simple qu’il l’avait prévue et il s’en veut d’être toujours sur les nerfs autour de lui. Il l’aime pourtant, il le sait, mais il ne peut s’empêcher de se dire que les choses étaient plus simples quand ils vivaient dans des coins séparés du pays. Ce matin, il lui laisse un baiser sur les lèvres avant de partir rejoindre Florence au diner. Toujours fidèles au même établissement pour ce rendez-vous, parce qu’au moins ils sont sûrs de pouvoir être servis. Le seul endroit de Mariposa ouvert en continu, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Waldo s’y installe, avec un grand sourire vers la personne derrière le comptoir. Pas qu’ils se connaissent personnellement, mais depuis le temps qu’il vient ici, Waldo connaît à peu près tout le monde. Il est en avance, il le sait, mais il en profite pour simplement observer cette ville qu’il aime tant à travers la fenêtre du diner, jusqu’à ce que Florence arrive. « Hey, comment tu vas ? » Il la prend brièvement dans ses bras, puis se rassoit dans le booth qui est toujours le leur le samedi matin. Il n’a pas encore commandé à manger, n’a qu’une tasse de café devant lui et il laisse le temps à Florence de bien s’installer avant de penser à en faire plus.

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C'est une habitude bien ficelée qui est celle du petit déjeuner du samedi matin que Florence ne manquerait pour rien au monde. Qu'il neige, qu'il vente ou qu'il pleuve, elle est toujours là au rendez-vous. Si aujourd'hui, le troisième mousquetaire manque à l'appel, elle est tout de même impatiente de retrouver Waldo au diner. En se levant, elle a peigné ses cheveux, se disant que ça serait bien de faire une queue de cheval pour finalement abandonner l'idée, ouais finalement les cheveux détachés c'est mieux. Elle a mis peu de temps à trouver sa tenue, un jean avec un tee-shirt bleu qu'elle a complété avec un sweat blanc et des baskets bleues. Avant de partir, elle a récupéré son sac à main et se dirige donc vers le lieu du rendez-vous. Rapidement, elle remarque son frère, un sourire se dessine sur son visage et elle s'avance jusqu'à lui. L'embrassant sur la joue, elle le suit ensuite jusqu'à leur table habituelle. « Bien et toi alors ? Qu'est-ce que tu racontes ? » demande-t-elle, alors qu'elle prend place sur le canapé en cuir. Elle s'affale presque et jette un oeil à la carte qu'elle connait quasiment par coeur, depuis le temps qu'ils y vont. Pourtant, elle hésite entre les oeufs brouillés et les pancakes ce matin avec peut-être un milk-shake, sans oublier le café si indispensable à sa vie. Elle lève un instant les yeux vers son ainé, reprenant un peu la discussion. « Comment ça se passe au boulot ? Et comment va Elsie ? » questionne-t-elle, ensuite. Si officiellement, elle scande détester les enfants,  il faut dire que sa nièce est particulièrement incroyable et elle s'intéresse beaucoup à son avenir et est toujours prête à passer un peu de temps avec elle. Elle a une pensée pour la petite fille pendant quelques secondes, attendant que son père réponde à sa question.

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Waldo aime cette tradition qu’ils ont tous les deux, elle est bien huilée, respectée par tout le monde, et elle leur permet de se dégager un moment pour se voir et se parler. Dans le quotidien parfois frénétique, ça pourrait être le genre d'événement qui passe à la trappe, mais les Sheridan s’appliquent à entretenir leur lien. Aujourd’hui, l’aîné manque à l’appel, mais le cadet est ravi lorsque sa sœur entre dans le diner bien connu. Une étreinte rapide avant qu’ils ne prennent place à leur table. Ce n’est même pas vraiment la peine de regarder le menu, tant ils sont habitués à tout ce qu’ils peuvent commander.

« Ça va, content de faire une pause de la maison. »

Avec Florence, il peut admettre les choses, même si elles ne sont pas reluisantes. Les petits déjeuners du samedi sont encore les seuls moments où les Sheridan n’amènent pas leurs moitiés et où, par la même occasion, Waldo peut s’éloigner de Mallory. Mallory qu’il aime, évidemment, il continue à se le répéter, mais ils passent beaucoup de temps ensemble ces temps-ci. La question de sa sœur sur sa fille, par contre, le fait sourire.

« Elle va bien. Elle était très contente de retourner chez Apollo, forcément, mais cette semaine il n’y a pas eu un seul jour où elle a refusé de me parler, c’est un progrès ! »

Il a un petit rire ironique en disant cela, parce que ce n’est définitivement pas le genre d’avancée dont il peut être fier. Il aimerait bien que ses rapports avec sa fille s'améliorent, mais il est un peu perdu Waldo, ne sait pas comment faire.

« Comment tu l’as trouvé la semaine dernière ? »

La seule exception à leur règle du petit déjeuner, Elsie qui se joint à eux une semaine sur deux. Souvent, elle a l’air d’aimer ces moments-là, où elle parle à son oncle et à sa tante beaucoup plus qu’à son père.

« Et toi, quoi de neuf ? » Pas de raison qu’il soit le seul à parler.

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La benjamine a toujours apprécié passer du temps avec ses ainés, que ce soit Waldo ou Atticus, elle s'est toujours employé à garder les liens intacts même quand elle a du partir pour ses études. La brune fixe alors son frère, le sourire aux lèvres, le laissant parler de son quotidien intense. Elle fronce les sourcils, légèrement inquiète.

color=indianred]« Semaine intense ? Je t'ai déjà dit que si t'avais besoin de souffler, tu peux passer à la maison quand tu veux. » [/color] déclare-t-elle, sérieuse.

Si son adelphe partage sa vie avec son compagnon, Mallory quant à elle, elle vit pleinement ses habitudes de trentenaire célibataire. Après tout, peut-être que son premier amour, c'est bien son boulot. Détestant la routine, les choses trop simples, son esprit rebelle cherche toujours des nouvelles aventures. Contente d'avoir des nouvelles de sa nièce, son sourire s'intensifie. Pourtant, elle se montre ensuite désolée face à ses révélations. Comprenant que les allers retours de la petite fille entre ses deux pères peut être parfois compliqués à gérer.

« Tant mieux si ça s'arrange alors et puis si jamais, proposes lui des sorties. Avec le printemps qui arrive, y aura des choses à faire. » propose-t-elle, calmement. Ignorant pourquoi, elle donne des conseils alors qu'elle s'est toujours refusé à avoir des enfants et ne s'imagine pas être mère. Elsie est bien la seule exception, les autres enfants sont insupportables, c'est bien connu. A la question de Waldo, elle s'interroge avant de lui répondre franchement.

« Mmh...je dirais qu'elle avait l'air contente de voir sa tante préférée. Après, elle semblait peut-être préoccupée par quelque chose. Peut-être l'école ?  » répond-t-elle, sérieusement.

Peut-être que ce n'est que son imagination mais elle tient tout de même à aider le jeune papa à comprendre les humeurs de sa nièce. A sa question, elle relève les yeux sur lui et décide de parler boulot, après tout, c'est son seul véritable sujet de conversation.

« J'ai des sujets sympas au journal en ce moment alors ça me prend beaucoup de temps. Sinon, j'essaye un peu de sortir quand je le peux. » confie-t-elle, doucement.