LANGAGE VULGAIRE, VIOLENCE



Halo de chaleur qui la retient, doux confort qu’elle trouve dans les bras d’un amant qu’elle n’a pas vu depuis des semaines. Elle ne l’a pas évité, pas vraiment ou du moins pas volontairement — peut-être son esprit qui a tout fait pour qu’elle en reste loin. Seulement hier, elle est venue au dîner pour leur moment célibataire et une fois Clary partie, elle, elle est restée. Aucun d’eux n’a abordé le sujet sensible, taisant le feu qui brûle en Teddy. C’est pourtant cette flamme silencieuse qui les a amenées à enlacer leur corps, elle sauvageonne qui expiait sa rage dans un acte animal. Elle pourrait ressentir de la honte si elle se prenait la tête plus que cela, mais elle ne le fait pas. Simplement, parce qu’ils sont adultes et consentants dans cette situation. Ses paupières battent doucement pour découvrir la gorge de Max, un faible sourire sur ses lèvres qu’elle pose doucement sur sa clavicule sans chercher à le réveiller. Tous deux sont étendus sur le canapé de la salle de repos des employés. Ils y sont peut-être allés un peu trop loin en restant ici, mais elle s’en fiche. Repoussant la couverture qu’elle prend soin de rabattre sur les épaules de l'aîné, la blonde enfile ses vêtements. Tout du moins, elle commence : culotte en dentelle noire et t-shirt Guizmo troué sur le dos lorsqu’elle voit ce brun la regarder et tourner les talons.

Ça ne pouvait qu’arriver ! C’est sans doute ce qui l’a guidé à faire tout cela cette nuit… Elle ne devrait pas être fière, mais elle en a que faire. Ses orbes sont orageux, la tempête propulse les vagues dans ses iris. Sans mettre un morceau de plus, elle le pourchasse dans le couloir. « C’est tout ce que ça te fait ? » Glacier tranchant qui va heurter le Titanic. « RORY WESCOTT ! » crit-elle en empoignant le premier objet qui lui tombe sous la main pour le balancer à sa tronche. « Tu te fous de ma gueule enfoiré ! T’es revenu depuis des semaines et rien ! » Ce n’est plus la froideur des premiers mots, maintenant on sent les flammes lécher chaque syllabe qu’elle prononce. « Tu te prends pour qui connard ! » Un second objet vole dans la direction de son ex-fiancé. Puis trois. Quatre. Elle est littéralement en train de vider la pile d’assiettes à la gueule du cadet Wescott, créant une cacophonie de porcelaine brisée qui pourrait réveiller Max. Pourtant, elle sait que ce dernier ne s’imposera pas, elle a besoin d’évacuer sa colère et sa peine. Et puis qui prendrait le risque de se mettre devant Teddy Deetz et sa victime ? Personne d'assez intelligent pour vouloir rester en vie… Toutefois, une fois que Rory l’aura brisé à nouveau, Max sera là pour recoller les morceaux de la blonde.

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Y'avait l'ex. Un problème auquel il ne s'était pas confronté depuis son arrivée. Allons-y, gaiement et fuyons. De la bouche de passants, c'était le couple phare, le couple modèle, les deux étaient une évidence et il avait fui juste avant le mariage. Et un mec qui fuit toute une vie n'était vraisemblablement un mec heureux. Et l'ex ne semblait être plus que l'ombre d'elle-même, transformée en furie ou harpie. Il avait essayé de lui dire, e la voir, de demander aux autres de ne rien dire de son retour, qu'il allait s'en occuper, conscient qu'il repoussait le problème. Putain, il avait pris la place d'un type à problèmes, en définitive. Et quand il entendit une première fois sa voix, il avait pressé le pas, et une deuxième fois, c'était bon, c'était elle. Il allait se confronter au monstre, au boss final. Il se refaisait son entrée au diner, parce qu'il avait besoin d'un endroit où squatter, et pourquoi il avait ouvert cette maudite porte, pourquoi il avait cette blonde dans le même lit que son frère ainé. Cette blonde, la fiancée de l'autre Rory. Il esquive un objet, un deuxième, avant de se prendre une assiette en pleine figure, hurlant un « Arrête, stop, bordel. » Mais elle n'arrêtait pas, elle continuait, se mettant à couvert, saisissant une capuche de poubelle, dans l'espoir de se protéger des projectiles. « Okay, okay, okay, t'as toutes les raisons d'être en colère mais arrête. » Avec cette cacophonie, il ne savait même pas si elle pouvait l'entendre mais à force, elle serait bien sans munitions, non ? « On peut discuter - sans que t'essaies de me tuer ? Ou tu me tueras après mes explications, mais steuplait, steuplait ! » Il paniquait, ne supportant pas cette forme de violences. Et bordel, il n'y était pour rien si elle s'était mise avec un lâche. « J'avais peur ... enfin, j'-j'ai toujours peur. Mais juste, est ce qu'on peut s'expliquer ? » dit-il alors qu'il sortit de sa cachette, les mains en l'air, totalement crispé, prêt à se faire dessus. « Ouais, j'suis un connard, j'suis un lâche, tout ce que tu veux, vraiment. T'as toutes les raisons de me haïr, et t'as bien raison de me haïr, même. » Elle avait le droit de savoir, non ? Qu'il n'était pas celui qu'elle pensait ? Mais d'un coté, elle irait le répéter, il serait foutu. Comment, il faisait les hommes hétéros pour s'excuser auprès d'une fille ? « Est-ce qu'on peut discuter plus loin, sans réveiller Max ? »

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Parler. Parler ça aurait été possible les jours avant son départ. Parler elle l’aurait fait volontiers le jour de leur mariage. Elle avait attendu en vain qu’ils puissent échanger des mots, s’expliquer et finir par pardonner. Cinq ans. Ce fut le nombre de temps qu’elle avait attendu pour le revoir, non… pire. C’était cinq années qu’il prit pour revenir et des semaines pour affronter celle qu’un jour il avait supposément aimer. Les mots n’avaient plus leur place dans la bouche de Teddy, tant de temps pour chercher quoi dire à un fantôme et aujourd’hui c’était sa colère, mais surtout sa peine qui discutait pour elle à coup d’assiettes voltigeuses. Le fracas plus assourdissant que les hurlements rugissants dans sa tête. Elle percevait sa voix, pleurnicheuse et quémandante, mais elle en avait que faire. « Discuter ! Tu te fous de ma gueule, t’es parti sans discuter et maintenant Mon-sieur veut prendre le temps de discuter ! Va te faire foutre Rory ! » Une nouvelle assiette qui volait dans la direction du brun. Il tentait de se défendre et pourtant, il aurait dû savoir que cette manière qu’elle avait d’agir ne se calmerait pas ainsi. Combien de fois il avait été témoin des querelles de la famille Deetz ? Combien de fois il s’était interposé ? Qu’il l’avait calmé ? Elle ne saurait dire la blonde alors qu’elle voit leur jeunesse comme une zone de brouillard dans sa vie. Un amour mensonger ? « Peur ? » Voix haineuse égal à des ongles griffants un tableau. C’est froid. Liquide qui coule alors qu’elle balance une autre assiette. « Peuuur. » Un rire amer lui échappe, ses joues deviennent rouges de rage. Peur. Ça résonne. Elle avait cru qu’il l’aimait assez pour lui dire ses peurs, pas pour la fuir. Les assiettes manquent, ces munitions qui jonchent le sol. Elle cherche une nouvelle arme et empoigne une spatule. Ce n’est peut-être pas l’arme la plus fidèle, mais entre ses mains elle saura lui faire peur à ce connard. « Max a bien plus de raison d’être ici ! LUI, lui il est resté ! Il s’est pas défilé, alors que tous me crachaient au visage, LUI IL M’A SOUTENU ! » Elle brandit la spatule, prolongement d’un doigt qu’elle pointe vers lui. De sa main libre, elle siffle entre ses doigts. Sortant d’une cachette, Roscoe arrive près d’elle, un peu intrigué de voir sa maîtresse dans un tel état. Il ne faut pas plus de temps au chien pour gronder en regardant l’homme. Protecteur. Héros à quatre pattes. La blonde avance, marchant dans la porcelaine brisée, coupant ses pieds, elle repousse Rory de sa spatule pour le forcer à reculer jusqu’à une table où ils pourront prendre place. La bête grise s’assoit sur le sol au niveau de celle-ci, médiateur… plutôt bourreau. « Roscoe voici Rory. » Le pitbull entend ce prénom, dévoilant ses gencives et laissant la bave couler sur le plancher. Un petit tour de passe-passe que la blonde lui a appris. C’est au tour de Teddy de prendre place à la table et elle pose son regard sur son ex. « Il ne fera rien tant que je lui donnerai pas d’ordre. » La spatule posée, elle hausse le menton. Ils sont différents d’autrefois, elle qui lui souriait en permanence. Ce n’était pas rose, ce n’était pas parfait, mais ils avaient affronté beaucoup ensemble. Maintenant, ils n’étaient plus que des inconnus. « Parle puisque c’est ce que tu veux temps faire… » Son ton nonchalant qui s’harmonise à merveille avec son regard froid, elle les attend ses excuses bidons…

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Max l'avait prévenu. Il aurait dû aller la voir - peut-être que ça aurait du être la première personne à revoir, dès qu'on lui avait signalé son prénom. Mais la peur l'avait rongé, la peur de recevoir des cris, des pleurs, et des assiettes (même s'il n'avait jamais imaginé cela). La bombe avait explosé ou alors, cachait-elle peut-être une autre bombe, plus insidieuse mais lâche qu'il était, il refusait d'être le blessé principal de ce spectacle. Il essayait de réfléchir - au fur et à mesure qu'il vivait ici, il se rendait compte du merdier laissé par le vrai Rory - et d'un coeur brisé, vivait maintenant quelque chose de beaucoup moins moral : la coucherie avec le grand frère. Devait-il prétexter être en colère de ça ? L'autre avait fui, ce serait vraiment de mauvaise foi. Et alors qu'il ne disait plus rien, il l'entendit appeler son toutou, son molosse, son cerbère. Roscoe. Après les assiettes, voilà qu'elle le menaçait avec un chien. Y avait-il des hommes qui sortaient avec elle ? Il sortait de sa cachette, faisant face à la demoiselle et son pitbull, l'air penaud, le sourire grimaçant, complètement gêné. Il fallait qu'il lui dise - mais elle ne garderait pas le secret, elle avouerait, elle le dirait aux autres. Comment faire pour qu'elle se taise ? Au moins, ça la soulagerait de le savoir mort ? Ou cela aggraverait-il les choses ? Sinon, il l'assommerait sans crier garde. Un bon coup de poêle bien placé et elle oublierait cette conversation. Allez parle, bordel, parle, Shane. Et là, parlant extrêmement rapidement, sans même faire attention à être compréhensible il dit: « Okay.T'asgagné,jesuispaslevraiRory. LevraiRoryestparti. » Il fit un grand sourire carnassier. Et dans son esprit, tout fusait. Il ne pouvait certainement pas dire qu'il était mort. « Bon, je suis pas le vrai Rory. Le vrai Rory m'a payé pour que je revienne et que je joue un rôle. » Ca, c'était plus convaincant et même tordu, digne d'un épisode de Gossip Girl. « Ecoute, j'sais pas ce qu'il t'a fait - et crois-moi, j'en suis sincèrement désolé. Et si t'es prête à écouter toutes mes explications, alors, je suis prêt à tout te dire. Mais j'veux que tu me fasses la promesse que jamais - ô grand jamais, t'en parleras à Max, ou à quiconque. » Il positionna ses mains, la priant de garder le secret. « Je suis pas là pour faire du mal. »

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Flamme dansante. Rage qui écume ses lèvres sulfureuses. C’est la noirceur du temps qui plonge son esprit dans un courroux sans nom. Teddy n’a aucunement l'intention d’être la gamine polie et sage que Rory a connu un jour. Elle s’est envolée cette adolescente qui n’avait de yeux que pour Wescott, cadet de cette famille parfaite. Le joueur de baseball au sourire ravageur, pourtant, il lui semble fade désormais. L’étincelle n’est plus contrairement à sa colère qui gonfle dans ses poumons. Elle hurle, balance la vaisselle sans même se soucier de ce qu’il peut penser ou de réveiller Max. C’est avant tout elle-même qu’elle protège, son cœur douloureux qui n’ose plus s’ouvrir. Comment pourrait-il ? Elle l’a donné à la personne qu’elle aimait et sans même un mot, il l’a piétiné sans remords. Maintenant devant elle, comment peut-il se dire que ce n’est rien ? Comment peut-il lui dire des mots sans valeur ? La furie ne lâche pas prise, allant trouver une place à une table, Roscoe comme garde du corps. Elle attend. Attends. C’est un seau d’eau froide qu’elle reçoit à la gueule. « Pardon ? » qu’elle souffle d’une voix beaucoup trop aiguë pour paraître normale. Ce sourire qu’il lui fait, elle l’observe terrifié par lui. Il répète et elle se hisse sur la banquette comme si un rat avait passé sur ses pieds. Ses prunelles observent l’homme devant elle. La colère mise de côté, elle les remarque ces traits différents, cette énergie qui n’est pas celle de son ex. Payer pour revenir jouer son rôle. « T’es un malade ! » qu’elle siffle en le dévisageant du haut de sa personne toujours perchée sur la banquette – n’oublions pas en petite tenue et les pieds ensanglantés. Le faux Rory se met à geindre comme si elle allait l’écouter désormais. « Ta gueule. » qu’elle lui balance en mettant les bras sur ses hanches, s’imposant de sa sature pour le dominer. « Tu te prends pour qui ? Je m’en balance de ton histoire ! Y’a qu’un détraqué pour voler la vie de quelqu’un… » Un grognement force ses lèvres, non pas parce qu’elle tente de lui faire peur, mais parce qu’elle réalise qu’elle défend Rory… Encore. « Qu’est-ce que ça m’apporterait de garder ton secret ? T’es personne. Eux ils ont le droit de savoir ! C’est qu't’es triste de ta vie ? Tu voulais mieux ? Faut être barge ma parole et Rory jamais il aurait payé quelqu’un pour venir jouer son rôle. Tu mens. Parce que la vérité, il serait revenue depuis longtemps si on comptait pour lui, il ne m’aurait pas laissé ! » Sa rage se transforme en peine et si Teddy est sans doute la femme la plus forte de ce bled, devant cet inconnu elle flanche. Le torrent de larmes qui coulent sur ses joues. « Ce serait beaucoup trop cruel de faire ce que tu dis, payer pour être remplacé, Rory a beaucoup de défauts, mais jamais il ne serait aussi cruel que tu prétends. J’ai peut-être été aveugle au point de vous confondre… Parce que… » Parce qu’elle espérait qu’il reviendrait. Elle y croyait si fort qu’elle en fut aveuglée. « Mais jamais je ne croirai ce que tu me racontes. Dégage d’ici ! DÉGAGE ! »