Étendue dans les draps de l’homme qui la regarde, poupée sensuelle qui peint le tableau de la grâce et de la douceur. Endormie, elle paraît vulnérable, de porcelaine elle semble l'être alors que ses longs cils ferment la porte sur son âme. On l’observe ainsi chaque fois qu’elle découche, chaque nuit où elle se laisse porter par la vague de luxure. Cari, elle semble accessible autant qu’éphémère. Elle ensorcelle. Déesse Philippine qui ronronne sous le coton égyptien, drap qui moule son corps offrant la plus délicate des visions. Son rouge sur ses lèvres s’est estompé, barbouillant l’ourlet de ses pulpeuses et la peau de son amant. Elle est bien dans la chaleur des draps, ses cheveux en auréole et ses bras étendus sous l’oreiller. Qui est-elle ? Charmeuse aux courbes de succube, elle s’est déhanchée la nuit dernière, autant sur la piste que sur sa monture de la nuit. On la touche. On la désire. Seulement… sous ce voile de femme fatale se cache la plus douce des femmes. C’est endormi qu’on découvre son vrai visage, qu’on souhaite en apprendre plus sur elle, mais elle te le dira : elle n’est pas femme à rester. Batifoler semble son plus grand hobby, alors que la vérité se cache dans le fond de son sac à main. Petit anneau doré qui scelle son cœur. Elle ment. Joue le rôle qu’elle veut que l’on voit d’elle, parce que l’épouse adultérine n’a rien de beau. La femme d’un homme qui l’aime encore — une réciproque qu’elle tue chaque nuit, à chaque caresse, baiser — qu’elle n’ose plus regarder en face. Avec lui, elle a désiré fonder une famille, mais mère ne sera jamais un rôle pour elle. Damnée, elle arpente les corps des autres pour le chasser de son esprit, pour taire se secret qu’elle ne lui a jamais dit et qui selon elle aurait fait la différence à une époque.

Ses yeux papillonnent, orbes qui se posent sur le nouvel amant. Prince d’une nuit qui a su savourer les plaisirs qu’elle avait à offrir. L’éphémère se lève, draps enroulés autour de son corps, divine demoiselle qui arpente la chambre inconnue. Elle se laisse observée, féline sauvage qui se cache dans la salle de bain. Son reflet la nargue alors que du revers de la main, elle retire le maquillage qui la rend clown à ses propres yeux. Elle devrait avoir honte, honte de se comporter comme tel. Elle la ressent cette sensation dans son ventre, mais elle la fait taire par cette braise qui danse dans ses prunelles. Chaque losange vert confronte ses noisettes et elle le voit ce visage poupin qu’elle a tenue dans ses bras. Un moment. Le temps d’un souffle. D’un JE T’AIME FISTON, car il n'a jamais eu de prénom. Est-ce un simple souvenir ou un mirage qu’elle garde de ce premier enfant qui a vu le jour avant de s’éteindre, poser ses miroirs d’âmes sur elle et lui sourire ? Est-ce vrai ? Elle ne sait plus. Son regard l’analyse, chaque ridule qui marque sa peau, elle en connait la provenance. Elles sont le prix de son amour, de ces rires qu’elle a forgée avec Éros. Tout pourrait paraître normal, si elle ne voyait pas aussi, les traces de ses larmes qui ont brûlées son visage. Elle ne compte plus, depuis longtemps tout ce qu’elle a perdue. Son corps qui les prive d’un bonheur, les nargues pour mieux les faire souffrir à chaque petit plus qui n’a durée parfois qu’un battement de cils ou quelques mois. Il y a cru. Longtemps. Désormais, elle n’est que l’épave, corps marqué par l’échec. Lorsqu’elle le regarde, elle se flagelle de ne point lui offrir ce qu’il, ils, aurait aimé. Une famille. Une famille qui ne se limite pas à eux deux.

Et ainsi va la vie, tout recommence lorsque la nuit embrasse le jour. Que ses courbes ensorcelles, qu'au matin, elle voit ce nouveau dégât, refrain calculateur de ses péchés. Elle s'observe dans la glace, loin de chez elle, et s'envole avec la brise du matin.

Jour. Semaine. Mois. Tout s'allonge. Distante. Elle le fuit, lui qu'elle aime. Elle craint ce moment où il lui dira de revenir. Pour parler. Parler de cet enfant. Parler d'eux. Dénie qui arpente ses veines.

Et sans crié gare, Aphrodite rencontre Arès…